Mon intervention à la région sur la délibération fixant un objectif zéro déchet en Ile-de-France

Madame la Présidente,

Madame la Vice-présidente,

Mes chers collègues,

Quand Roland Barthes écrivait, en 1981, que les intellectuels étaient le déchet de notre société, ajoutant cependant aussitôt, le déchet au sens strict, c’est-à-dire ce qui ne sert à rien à moins qu’on ne le récupère, je gage que peu ont immédiatement perçu le compliment qui leur était fait, et peut-être même certains en doutent-ils encore.

Aujourd’hui, bien loin de 1981 et je ne surprendrai aucun d’entre vous en affirmant que s’il est une compétence décisive que la législateur a confiée aux régions c’est bien celle que nous exerçons désormais en matière de déchets. Avoir une compétence au plan légal ne signifie pas pour autant agir efficacement, et le précédent exécutif l’a du reste souvent démontré.

Par exemple le cas du plan régional d’élimination des déchets ménagers adopté en 2009. À sa lecture, on ne peut que constater son échec sur de nombreux points. Que disait-il ? Qu’il fallait créer 300 déchèteries en Ile-de-France. Combien en a-t-on aujourd’hui ? Seulement 174. Il s’en créée une ou deux par an en moyenne. Or on connait tous ici l’urgence d’offrir aux franciliens des exutoires pour éviter les dépôts sauvages. C’est pourquoi il faut saluer une nouvelle fois le dispositif d’ores et déjà adopté par notre Conseil pour enfin avancer sur ce sujet. Autre exemple : le recyclage. Quel était l’objectif de tri des papier, cartons et emballages pour 2014? 46 kg par habitants. Quel est le résultat ? 35 kg ! Pourtant on sait que le potentiel est 4 fois supérieur. Là aussi le plan déchets de l’ancienne mandature n’a pas donné les résultats à la hauteur des enjeux.

Ce constat impartial, il faut le souligner, n’est possible que grâce à un outil que la Région a créé il y a 24 ans : l’Observatoire Régional des Déchets d’Ile-de-France. En réunissant tous les acteurs dans une démarche partenariale, l’ORDIF permet de connaitre la réalité du terrain et de mesurer l’atteinte, ou pas, des objectifs fixés. C’est une sorte « d’économie collaborative des données » qui est aujourd’hui érigé en modèle par l’Ademe. Nous pouvons, je crois, nous féliciter du travail de cet organisme qui a su dépasser au fil des ans les antagonismes politiques ou économiques et est devenu une référence y compris pour la Commission Européenne.

Il est d’ailleurs de plus en plus sollicité pour ses expertises.

En pratique, il s’agit donc aujourd’hui d’engager le processus qui nous mènera à l’adoption dans quelques mois du premier Plan régional de prévention et de gestion des déchets. Si nous ne partons pas d’une page blanche et pourrons nous appuyer sur les travaux réalisés dans le cadre de l’élaboration des différents plans spécifiques à certaines catégories de déchets, les enjeux demeurent immenses.

La Loi sur la transition énergétique, reprenant les objectifs européens, est exigeante : nous devons réduire d’ici 2025 (en pratique pour des raisons juridiques sans doute d’ici 2028) l’enfouissement des déchets d’un million de tonnes. C’est considérable. Mais nous savons que nous pouvons le faire. Il faut réduire les déchets bien entendu. Mais aussi mobiliser les déchets compostables et recyclables aujourd’hui détruits. Le potentiel est d’ailleurs bien supérieur au million demandé par la Loi.

Plus que jamais la planification devra donc rimer avec mobilisation et je veux à cet égard saluer les dispositions prises en ce qui concerne les différentes instances, aussi bien techniques que politiques qui seront amenées à prendre part à cet exercice.

Au-delà, il s’agit également de nous engager, et nos partenaires avec nous dans la dynamique du zéro déchet, qui est en réalité bien plus large puisqu’elle implique d’agir en amont pour produire de manière plus sobre des biens dont la durée de vie sera plus longue. Sur ce point je veux croire au rôle moteur que jouera l’engagement d’exemplarité que prend notre région pour l’ensemble des chantiers dont elle a ou aura directement ou indirectement la charge.

Enfin, dernier chantier et non des moindres, il faudra permettre aux Franciliens de relever le défi que représente le passage à l’économie circulaire, c’est-à-dire une économie qui ne soit pas seulement plus sobre dans ses processus de production mais où la notion même de déchet final s’efface devant celle de ressource potentielle et donc de support à une nouvelle activité.

C’est un enjeu environnemental autant qu’économique puisqu’à terme ce sont des filières entières d’emploi peu susceptibles de délocalisation qui pourraient voir le jour sur notre territoire.

Clairement, le groupe UDI fait avec l’exécutif régional le choix de l’ambition et plus encore celui de l’action.

Je vous remercie,

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