Larry Clark censuré

Comment s’auto-créer une polémique ? Si vous êtes en manque d’inspiration, demandez donc au Maire de Paris et à son adjoint à la Culture, ils ont une recette qui a l’air de bien fonctionner.

Tout d’abord, programmez une exposition sur l’oeuvre d’un artiste dont les oeuvres sont (et c’est un euphémisme) provocatrices et en tout cas de nature à choquer la sensibilité d’une partie du public.

Ensuite, devant la crainte de voir votre exposition choquer également une partie de votre électorat, faites brusquement machine arrière en en interdisant l’accès à une partie du public.

Vous obtiendrez alors la situation actuelle à la Mairie de Paris !

En l’espèce, la Mairie de Paris organise une rétrospective sur l’oeuvre de Larry Clark, exposition qui doit débuter le 8 octobre au prochain Musée d’Art Moderne de la ville de Paris et porte sur 50 années de création à travers plus de 200 tirages d’origine, pour la plupart inédit.

Larry Clark est un photographe et réalisateur Américain connu pour avoir photographié les dérives de l’adolescence, la perte des repères dans des images où il est essentiellement question de sexe, de violence et de drogue.

Et bien, figurez vous que la Mairie de Paris vient finalement, après moult tergiversations, d’interdire l’accès de cette exposition par elle organisée aux moins de 18 ans, Christophe Girard, Adjoint à la culture, justifiant cette décision en expliquant qu » »à partir du moment où vous avez des images qui peuvent être contestées pour leur contenu, il faut trouver une solution qui ne touche pas à l’intégrité de l’oeuvre de l’artiste ».

Cette décision a fait hurler une partie de la majorité du Maire de Paris qui crie à la censure !

« Que la ville s’autocensure à l’avance en disant « peut être que des gens vont protester », si on commence à faire cela, on ne fait plus rien. Je suis scandalisé, c’est vraiment intérioriser la répression et la censure », a ainsi  déclaré la semaine dernière Sylvain Garel, co-Président du groupe des Verts au Conseil de Paris.

Son groupe a d’ailleurs écrit une lettre à Bertrand Delanoë, dans laquelle il fait part de sa « très vive inquiétude » et déplore un « excès de prudence (…) En interdisant aux mineurs l’exposition Larry Clark la ville de Paris risque ainsi de créer un dangereux précédent ».

Plutôt qu’une telle interdiction, ils proposent de la remplacer « par une mise en garde claire à l’entrée du musée et dans la communication de la ville auprès du public sur le caractère parfois violent ou sexuellement explicite de certains des clichés ».

Visiblement, le Maire socialiste de Paris n’a pas goûté de se faire donner des leçons de vertue par ses amis verts et il a pris la plume pour les renvoyer sèchement à leurs études dans un courrier d’hier qui a naturellement été transmis à la presse…

Moralité, en matière artistique comme en politique, rien n’est pire que l’incertitude et le désir de plaire à tout le monde.

Ne pas organiser cette exposition n’aurait choqué personne.

L’organiser normalement n’aurait pas choqué grand monde non plus, tant on peut douter qu’un public non avertit visite par hasard une exposition de Larry Clark.

L’organiser puis la censurer était le seul moyen de se facher avec tout le monde !

Bravo les artistes !

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