Départementales : des élections jouées d’avance ?

C’est ce que l’on peut légitimement se demander tant ce scrutin semble joué d’avance et où il parait possible, avant même que les électeurs ne se soient déplacés, les 22 et 29 mars prochain, d’en imaginer les résultats, au moins dans leurs grandes lignes :

  • Abstention record,
  • forte poussée du Front National,
  • déroute de la gauche,
  • Basculement d’un nombre de départements à droite, sans précédent dans l’histoire, avec une droite et un centre unis qui peuvent espérer compter 70 à 80 exécutifs départementaux.

Pour autant il est impossible de se satisfaire du fait que plus d’un électeur sur deux, peut-être presque deux sur trois n’iront pas voter…

Il est tout aussi impossible de se satisfaire, même si ma famille politique à une chance historique de l’emporter, du fait que sur le faible nombre d’électeurs qui se seront déplacés, près de la moitié auront choisi des votes protestataires et de rejet, qu’ils aillent vers l’extrême droite ou vers l’extrême gauche.

Et pourtant tout a été fait depuis des mois par François Hollande, Manuel Valls et son gouvernement pour arriver à cette situation, ce désastre démocratique annoncé.

Sans même parler de la situation politique générale de notre pays et des mesures, ou plutôt des absences de mesures, la simple situation institutionnelle, le simple tripatouillage électif dont font l’objet ces élections départementales depuis deux ans ne pouvait pas aboutir à d’autres effets.

Depuis deux ans, on explique aux Français que les départements ne servent plus à rien.

Depuis deux ans, on glose sur le fait que les départements vont disparaître, puis non, puis oui, puis non, puis oui, puis peut-être, puis non en zone rurale et oui en zone urbaine…

Depuis deux ans, on n’a eu de cesse pour tripatouiller éhontément la carte électorale  pour essayer de limiter la déroute attendue du parti socialiste, de redécouper des cantons qui n’ont plus aucune réalité aux yeux des électeurs là où, au moins en zone rurale, il existait une connaissance de son Canton et un réel attachement à celui-ci.

Depuis deux ans, on est même allé, pour finir d’égarer les électeurs, jusqu’à changer les appellations puisqu’il est maintenant interdit de parler de conseiller général, et de conseil général, mais qu’il faut parler de conseiller départemental, de conseil départemental et d’élection départementale, à tel point que les gens que je croisent me demandent souvent si il s’agit bien de la même élection…

Gageons que ces changements de dénominations aurons au moins le bon goût de faire les beaux jours des quelques agences de communications qui seront missionnées pour relooker les logos et les chartes graphiques de nos départements… avec l’argent des contribuables…

Depuis deux ans, on a imaginé un mode de scrutin dont le seul nom est absolument incompréhensible à tout citoyen normal n’ayant pas eu le bonheur de faire l’ENA : un scrutin de liste binominal, mixte, majoritaire à deux tours…

Quand l’ENA et Paris parlent aux citoyens…

Depuis deux ans, le Gouvernement et les médias, qui ont une part de responsabilité écrasante sur ce sujet, n’ont de cesse de nationaliser cette campagne départementale en n’appréciant les résultats des partis qu’en score national global plutôt que de les localiser et de les individualiser département par département en fonction de leurs actuelles et futures directions.

Cette nationalisation des débats, purement parisienne (d’autant plus facile qu’à Paris il n’y pas d’élections départementales), ne fait le jeu que du Front National dans la mesure où il éclipse tout débat et toute réalité locale.

Depuis deux ans, le gouvernement a mis en chantier une réforme des compétences des collectivités qui font qu’à l’heure où les électeurs vont devoir se prononcer en faveur de candidats, ils ne savent même pas (pas plus d’ailleurs que ceux qui se présentent à leurs suffrages), quelles seront les compétences qu’ils auront à exercer lors des six prochaines années !

Ce scrutin, imaginé par les stratèges de la rue de Solférino et de Matignon, est d’ailleurs si complexe qu’un très grand nombre d’élus que je rencontre régulièrement ne savent même pas exactement quelles en sont les règles à moins de 3 semaines du 1er tour !!!

Et après, on s’étonnera que les Français choisissent massivement l’abstention ou le vote de protestation lorsqu’une caste dirigeante ne parle pas, ne parle plus, la même langue qu’eux…

A ce train, je crains sincèrement que Manuel Valls ait de beaux jours devant lui s’il souhaite continuer à promener ses larmes de vieux crocodile politique devant la montée du Front National sur les plateaux de télévision…

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